Méthode traditionnelle de rejointoiement pour mur en pierre ancien

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Les murs en pierre, témoins de l'histoire et du savoir-faire ancestral, requièrent une attention particulière pour préserver leur charme et leur solidité. L'usure du temps, les intempéries et les variations de température peuvent détériorer le mortier, compromettant ainsi la stabilité de la structure. Un rejointoiement soigné, réalisé selon les méthodes traditionnelles, est alors indispensable pour assurer la longévité de votre patrimoine bâti.

Ce guide exhaustif vous accompagnera pas à pas dans la réalisation d'un rejointoiement traditionnel, en mettant l'accent sur le choix des matériaux, les techniques d'application et les aspects essentiels à la réussite de votre projet de rénovation. Préparez-vous à redonner vie à vos murs en pierre avec une méthode respectueuse de l'histoire et de l'environnement.

Diagnostic et préparation du chantier pour le rejointoiement

Avant de commencer le rejointoiement, un diagnostic précis et méthodique est crucial pour garantir la réussite de l'opération. Il s’agit d’évaluer l’état général du mur, d’identifier les points faibles et de choisir les matériaux appropriés. Une mauvaise préparation peut conduire à des problèmes ultérieurs et compromettre la durabilité du travail.

Évaluation de l'état du mur en pierre

  • Inspection visuelle minutieuse : Identifier toutes les fissures (verticale, horizontale, oblique), les dégradations (écaillage, effritement), les zones d'humidité et les infiltrations d'eau. Prendre des photos pour documenter l'état initial.
  • Analyse de la pierre : Déterminer le type de pierre (calcaire, granit, grès, etc.) et son état de conservation (porosité, résistance, altération). Certaines pierres sont plus sensibles à l'humidité que d'autres.
  • Examen du mortier existant : Identifier sa composition (chaux aérienne, chaux hydraulique, ciment, sable) et son état (adhérence, fragilité). Un mortier détérioré doit être entièrement enlevé.
  • Mesures précises : Mesurer la profondeur et la largeur des joints pour estimer la quantité de mortier nécessaire. Notons que la profondeur idéale des joints est généralement comprise entre 2 et 3 cm.
  • Recherche de causes : Identifier les causes possibles des dégradations (infiltrations, mouvements de terrain, etc.) pour prendre des mesures correctives si nécessaire.

Choix des matériaux pour un rejointoiement traditionnel

Le choix des matériaux est déterminant pour la longévité et l'esthétique du rejointoiement. Privilégiez des matériaux traditionnels, écologiques et locaux autant que possible, pour une meilleure intégration au bâti ancien et un impact environnemental réduit.

Le mortier traditionnel à la chaux

Le mortier traditionnel est le garant d'un rejointoiement durable et respirant. Il est généralement composé de chaux (aérienne ou hydraulique), de sable de rivière propre et tamisé (granulométrie comprise entre 0 et 4 mm), et éventuellement de pouzzolane pour améliorer ses propriétés mécaniques. La chaux aérienne, plus lente à sécher, permet une meilleure adaptation aux mouvements de la maçonnerie. La chaux hydraulique, plus résistante, est conseillée pour les zones soumises à des contraintes importantes.

  • Chaux aérienne NHL 3,5 ou 5 : Permet une meilleure respiration du mur, limitant les risques d'humidité. Durée de vie importante.
  • Chaux hydraulique NHL 2,5 ou 5 : Plus résistante, convient aux zones humides ou soumises à des contraintes mécaniques plus importantes.
  • Sable de rivière tamisé : Assure une bonne cohésion du mortier. Éviter les sables de carrière contenant des impuretés.
  • Pouzzolane (optionnel) : Améliore l'imperméabilité et la résistance du mortier. Dosage à adapter selon le type de chaux et le climat.

Les outils essentiels pour le rejointoiement

L'utilisation d'outils adaptés est indispensable pour un travail précis et efficace. Voici quelques outils incontournables:

  • Truelle de maçon
  • Cuillère à maçon
  • Brosse métallique
  • Burin et maillet
  • Arrosoir
  • Règle de maçon
  • Eponge

Préparation du mortier traditionnel

La préparation du mortier est une étape cruciale qui exige précision et patience. Le mélange doit être homogène pour garantir une bonne résistance et une esthétique uniforme. Les proportions doivent être respectées scrupuleusement selon le type de chaux utilisé. Pour un mélange de chaux aérienne NHL 5 et de sable, un rapport de 1:3 est généralement recommandé. Le mortier doit être malaxé énergiquement et laissé à reposer au minimum 24 heures avant utilisation, afin de permettre à la chaux de s’hydrater correctement.

Pour un mur de 10 m², il faut prévoir environ 500 kg de mortier, mais ce chiffre dépend de la largeur et de la profondeur des joints.

Techniques de rejointoiement traditionnel pas à pas

Le rejointoiement traditionnel est un art qui exige précision et minutie. Chaque étape doit être exécutée avec soin pour garantir la durabilité du travail et la préservation du patrimoine.

Nettoyage des joints anciens

Avant toute application de mortier neuf, il est impératif de nettoyer profondément les anciens joints. Utilisez une brosse métallique pour enlever le mortier détérioré, la poussière, les débris végétaux et les impuretés. Pour les joints très encrassés, un nettoyeur haute pression peut être utilisé avec précaution, en veillant à ne pas endommager la pierre. Un nettoyage efficace est crucial pour une bonne adhérence du nouveau mortier.

Préparation des joints

Une fois les joints nettoyés, il est important de les humidifier légèrement à l’aide d’un arrosoir. Cela permet une meilleure adhérence du mortier. Si les joints sont trop étroits ou effondrés, il peut être nécessaire de les élargir légèrement à l'aide d'un burin, en veillant à ne pas endommager les pierres. Une profondeur de joint d'environ 2 à 3 cm est généralement recommandée.

Application du mortier

L'application du mortier se fait par bourrage à l'aide d'une cuillère à maçon. Commencez par appliquer une fine couche de gobetis (couche fine de mortier) pour une meilleure adhérence. Puis, remplissez les joints en compactant fermement le mortier pour éviter les vides. Travaillez par petites sections, en veillant à ce que le mortier soit bien en contact avec les pierres. La technique d'application peut varier légèrement selon le type de joint (plat, creux, bombé).

Finition du rejointoiement

Une fois les joints remplis, utilisez la truelle pour lisser légèrement la surface du mortier, en prenant soin de ne pas le retirer du joint. Le but est d'obtenir un aspect soigné et homogène. Selon le style du mur, un rainurage peut être effectué pour donner un aspect plus rustique.

Séchage et protection du mortier

Le séchage du mortier doit être progressif pour éviter les fissures. Protégez le mur de l'exposition directe au soleil, au gel et aux fortes pluies pendant les premières semaines. Un temps de séchage complet peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Aspects essentiels à considérer

La réussite d'un rejointoiement dépend aussi de la prise en compte d'aspects importants, souvent négligés.

Réglementation et autorisations

Avant d'entreprendre tout travail sur un mur en pierre ancien, renseignez-vous sur les réglementations locales et les autorisations éventuellement nécessaires. Dans certains cas, des permis de travaux ou l'avis d'architectes des bâtiments de France peuvent être requis.

Sécurité sur le chantier

La sécurité est primordiale. Portez des équipements de protection individuelle (EPI) : lunettes de sécurité, gants, masque anti-poussière. Utilisez les outils avec précaution et assurez-vous d'un espace de travail dégagé et stable.

Estimation du coût et de la durée des travaux

Le coût dépend de la surface à rejointoyer, de l'état du mur et du choix des matériaux. Comptez entre 30 et 80 euros par mètre carré. La durée des travaux peut varier de quelques jours à plusieurs semaines, en fonction de la taille du mur et de la complexité du travail.

Entretien et durabilité du rejointoiement

Un entretien régulier est essentiel pour prolonger la durée de vie du rejointoiement. Nettoyez régulièrement le mur à l’eau et à la brosse douce pour enlever les salissures. Surveillez régulièrement l'apparition de fissures ou de dégradations pour intervenir rapidement.

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